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Les Troubles du Comportement Alimentaire (TCA) : définition

Les  Troubles des Conduites Alimentaires, anciennement appelés Troubles du Comportement Alimentaire, désignent des perturbations pathologiques autour des prises alimentaires. Nous définissons par pathologique ce qui fait fracture avec le fonctionnement antérieur et qui contraste avec le quotient attendu. Les troubles alimentaires peuvent prendre plusieurs formes et sont d’intensité variable.  

Schématiquement nous pourrions distinguer trois grands types de troubles.

Lorsque les comportements sont tournés vers la forme restrictive nous parlons d’anorexie. La forme restrictive désigne la privation de nourriture partielle (régime) ou totale (jeûne).

Lorsque les comportements sont tournés vers une forme hyperphagique compulsive avec des comportements compensatoires nous parlons de boulimie. Une hyperphagie compulsive, appelée également crise de boulimie, désigne la prise de nourriture en grande quantité avec un possible sentiment de perte de contrôle. Les comportements compensatoires sont des comportements pour « réparer » la prise de nourriture perçue comme trop importante et peuvent être des vomissements, des prises de laxatifs ou une pratique excessive de sport.

Nous parlons d’hyperphagie quand il n’y a pas de comportements compensatoires après une prise alimentaire excessive. Ce trouble est de plus en plus connu sous son appellation anglaise Binge eating disorder.

Il existe d’autres types de troubles alimentaires comme le night eating syndrome (où les compulsions se font la nuit et des comportements de restrictions en journée) ou l’orthorexie (l’exclusion de certains aliments). Il existe également des formes partielles des troubles précédemment nommés. Il peut y avoir par exemple une anorexie mentale sans la présence de distorsion de l’image du corps. La personne peut également passer par plusieurs phases et aller dans les différents types de troubles décrits. Ces présentations sont finalement assez caricaturales et sont vécues différemment pour chacun.

Les comportements alimentaires précédemment décrits ne suffisent pas pour établir un diagnostic de trouble des conduites alimentaires. Outre les troubles de l’alimentation, il y a la nécessité de la présence du mental anorexique ou Anor Mind

En effet, une personne en pleine dépression peut voir son comportement alimentaire évoluer, sans qu’elle soit au prise avec un trouble des conduites alimentaires pour autant. Ainsi une personne déprimée, coupée de sa faim, ne mangeant plus, ne souffre pas nécessairement d’anorexie mentale. Il faut, qu’en plus de ses conduites de restriction, il y ait des stratégies de perte de poids, des troubles de l’image du corps, des stratégies de contrôle qui s’emballent, etc. Il serait ainsi extrêmement réducteur de parler des troubles des conduites alimentaires en fonction seulement des prises alimentaires ou de l’IMC (Indice de Masse Corporelle). 

Dr Meunier : “Quoi de plus différent qu’une jeune fille de 32 kilos dans la restriction permanente et le comptage des aliments, qu’une autre au poids normal qui se débarrasse de tous ses repas par des vomissements et/ou par la prise de laxatif, ou encore qui multiplie en cachette des rituels boulimiques ?

Anorexie restrictive ou anorexie boulimie avec vomissement, appartiennent à la même histoire, partagent la même souffrance, et possèdent les mêmes mécanismes mentaux l’Anor mind.  Ces signes perdurent, quel que soit le stade de la maladie. Les premières, les plus jeunes en général, sont la cible de nos regards. Les secondes, que l’on croit guéries, vivent en cachette, oubliées par le monde de la médecine.

Mais le même Anor Mind ou Mental Anorexique les relie. Il permet, au-delà de ce que l’on voit, de comprendre ce que vivent ces jeunes filles ou ces femmes, et pour le médecin de faire un diagnostic en dehors des contingences de la nourriture et du poids.”

Il s’agit donc ensemble de symptômes qui ne tournent pas seulement autour du comportement alimentaire, de la perte ou de la prise de poids. Ce qui va permettre de bien différencier des troubles des conduites alimentaires (TCA) d’un autre trouble va être le Mental Anorexique.

Qu’est-ce que le Mental Anorexique ?

Le mental anorexique est un nouveau mode de diagnostic des TCA excluant tout signe clinique et hors de toutes références au comportement alimentaire et à ses conséquences physiques, comportementales, pondérales…

L’Anor Mind ou Mental Anorexique est un mode de fonctionnement psychique typique des troubles du comportement alimentaire. Il persiste quel que soit le stade de la trajectoire pathologique et permet un diagnostic efficace qu’il s’agisse d’anorexie restrictive, d’anorexie boulimie avec ou sans vomissement ou comportement compensatoire, ou des prémices de la maladie pour lesquels il constitue une alerte précoce, bien avant que se constituent les signes cliniques classiques.

On ne se préoccupe alors pas du poids pour poser un diagnostic, mais du fonctionnement psychique. Il ne s’agit pas d’un diagnostic d’état ; c’est-à-dire que tout patient devant l’absence d’un des signes doit se poser la question “l’ai-je déjà vécu depuis le début de mes troubles ?”.

Ce mode de fonctionnement ne constitue pas une structure au sens analytique du terme puisqu’il prend fin avec la guérison de la maladie et qu’il semble impossible dans une classe de prés-adolescent de décélérer les élèves qui vont en être victimes. Il est à noter que l’anor mind est exclusif de “ toute “ autre pathologie. “ Tout étant lui-même exclu de la médecine.

En conclusion

Nous pouvons conclure de cette présentation simple des troubles des conduites alimentaires, que ce trouble désigne un ensemble de symptômes (changement des conduites alimentaires et présence du mental anorexique) et signe une fracture avec le fonctionnement antérieur.

Gardons en tête que le trouble n’est pas figé. Dr Meunier :  “pour eux, un diagnostic c’est un instantané alors que pour nous, c’est une histoire”.

Les troubles des conduites alimentaires sont un grand problème de santé publique, par les complications somatiques et les risques de mortalité élevés, et touchent une grande partie de la population. Une étude* a en effet estimé une prévalence à vie de l’ensemble des TCA (soit le nombre de personnes souffrant d’une forme de TCA à un moment de leur vie) à 8,4 % pour les femmes et 2,2 % pour les hommes.

*(https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0985056219304364). 

Si avec la lecture de ce texte nous avons pu vous sensibiliser sur le fait que les troubles des conduites alimentaires n’est pas qu’une histoire de nourriture, de trouble de l’alimentation, de poids ou qu’un simple trouble de comportement, notre objectif est atteint ! 

Nous vous proposons de parcourir en détail les différents symptômes que nous pouvons retrouver dans les différentes formes des troubles des conduites alimentaires. Chaque symptôme fait l’objet d’une page que vous pouvez retrouver en allant dans l’onglet les signes du mental anor (http://www.sosanor.org/les-signes-du-mental-anor/)

Pour guérir des TCA, il est nécessaire de recourir à une prise en charge pluridisciplinaire.